La réputation sulfureuse de la ville de Catane est probablement en relation avec le caractère impétueux du volcan qui surplombe la Mer Ionienne. Le cône volcanique de l’Etna domine le paysage de la Sicile orientale. Il constitue une référence visuelle et géographique autant pour les villes en contre-bas que pour lesvillages installés sur ses pentes. C’est un élément indispensable à l’identité des populations qui vivent à son contact. Il est inscrit sur la liste des volcans de la décennie qui méritent une attention particulière, en raison de leur intense activité, et de leur proximité avec des villes importantes.
Sur le versant sud, l’agglomération de Catane et ses trois cent mille habitants entretiennent un culte singulier vers le volcan le plus actif d’Europe et honorent avec dévotion leur protectrice, Sainte Agathe.Ici, le volcan est féminin, il est la mère, la piu bella montagna, la plus belle montagne.Le volcan influe sur la vie dans un mouvement permanent, au grès de ses respirations jusque dans l’humain, dans la frénésie quotidienne nécessaire à la survie, car ici le temps est incertains.

Même s’il est souvent masqué par les nuages en ces mois d’hiver, le volcan est partout. Il est présent dans les moindres détails, il se manifeste dans les matières, les regards, dans les couleurs et les rituels. Il ne fait qu’un avec ceux et celles qui l’appellent par son nom. Tel un membre de la famille, source du feu destructeur et surtout bienfaisant, symbole de vie et de mort, il est partie intégrante du tissu social. La société sicilienne, catholique et patriarcale fondée sur la famille ainsi que sur le territoire, se mêle à la cosmogonie des civilisations méditerranéennes qui ont peuplées cette région. Un microcosme en symbiose avec le volcan.
La ferveur dévotionnelle d’une communauté pour sa protectrice, entité mystique, transcende les individus et les conditions sociales face à un risque commun. La prise de conscience de la vulnabilité humaine en rapport avec son impuissance révèle son besoin d’unité. Avec le désir de découvrir les fondements de cette relation fusionnelle qu’entretiennent ceux et celles qui le côtoient, s’exprime le besoin d’être au plus près de la création.

" C’est parce que je roule en moi ces choses sombres, c’est parce que je vois l’aube dans les décombres, sur les trônes le mal, sur les autels la nuit, c’est parce que, sondant ce qui s’évanouit, bravant tout ce qui règne, aimant tout ce qui souffre, j’interroge l’abîme, étant moi-même gouffre; c’est parce que je suis parfois, mage inclément, sachant que la clarté trompe et que le bruit ment, tenté de reprocher aux cieux visionnaires leur crachement d’éclairs et leur toux de tonnerres; c’est parce que mon cœur, qui cherche son chemin, n’accepte le divin qu’autant qu’il est humain."
Victor Hugo - À l’Homme




A Montagna
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